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L'actu des décideurs éco, politiques et juridiques, sélectionnée et analysée pour vous chaque semaine

Hexagone
4 min ⋅ 01/04/2025

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Le week-end était long et vous n’avez pas tout suivi de l’actualité de la semaine ? Pas de panique, Hexagone est là. Joyeux mardi, nous sommes le 1er avril 2025, et voilà votre 57ème briefing hebdo.


Le Briefing - L’école des profs

Le 28 mars 2025, François Bayrou et Élisabeth Borne ont présenté, depuis une école élémentaire de Rueil-Malmaison, un plan radical de réforme de la formation des enseignants.

François Bayrou, ministre de l’éducation en 1993

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FORMATION DES ENSEIGNANTS • Ce projet d’envergure s’inscrit dans la continuité des travaux amorcés par Nicole Belloubet en 2024. Il vise à enrayer la chute du niveau scolaire et à répondre à la crise d’attractivité du métier d’enseignant, marquée par une baisse significative des inscriptions aux concours et des milliers de postes non pourvus. 

Les concours pour devenir professeur des écoles, enseignant du secondaire ou conseiller principal d’éducation seront accessibles dès la fin de la licence, soit à Bac +3, rompant avec le schéma actuel de concours à bac +5. 

Les lauréats intégreront ensuite une formation de deux ans en master, assurée par les INSPE (Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation) dans le public, et les ISFEC dans le privé. Cette formation alternera cours théoriques et immersion sur le terrain. 

Les étudiants bénéficieront du statut d’élève-fonctionnaire, avec une rémunération progressive : 1 400 euros nets par mois en première année, puis 1 800 euros en seconde. En contrepartie, ils s’engageront à servir l’Éducation nationale pendant au moins quatre ans. 

La réforme prévoit également la création d’un parcours de formation spécifique pour les futurs enseignants du premier degré : la licence « professorat des écoles » (LPE), mise en place à partir de 2026. 

Inspirée des anciennes écoles normales, la LPE mettra l’accent sur les savoirs fondamentaux (langues, mathématiques, sciences), qui représenteront environ 70 % des 2 600 heures de formation, complétées par au moins dix semaines de stages.


Mais aussi

DE SG A SoGé • Après 10 ans de travail auprès d’Emmanuel Macron, Alexis Kohler quitte ses fonctions de Secrétaire général de l’Elysée. 

Comme le rapporte Politico, il va rejoindre le groupe Société Générale, qui a annoncé le 28 mars qu’il prendrait son poste en juin comme directeur général adjoint auprès du DG Slawomir Krupa, et président de la banque d’investissement du groupe.

A 52 ans, Alexis Kohler avait occupé plusieurs postes stratégiques avant d’être nommé secrétaire général de l’Élysée en 2017. Cet homme discret reste sous le coup d’une mise en examen pour prise illégale d’intérêts, en lien avec l’armateur italo-suisse MSC. 

Alors que l’entreprise est dirigée par des membres de sa famille, il lui est reproché d’avoir participé à des décisions publiques concernant l’entreprise entre 2009 et 2016, avant son entrée à l’Elysée.

Par ailleurs, le Président de la commission des finances de l’Assemblée nationale a obtenu en février l’autorisation de la commission pour le poursuivre pénalement, pour avoir refusé de témoigner devant les parlementaires à l’occasion de l’enquête sur le dérapage des finances publiques. 

Il sera remplacé par Emmanuel Moulin, ancien directeur du Trésor et ex-directeur de cabinet de Bruno Le Maire et de Gabriel Attal à Matignon, qui prendra ses fonctions dès le 14 avril, selon un communiqué de l’Élysée.

Pour Matignon, le départ d’Emmanuel Moulin de Matignon est le deuxième départ de haut niveau en quelques semaines : déjà la semaine précédente, Aurélie Bretonneau, directrice du secrétariat général du gouvernement, avait été nommée Secrétaire générale du Conseil constitutionnel.



AUDIOVISUEL PUBLIC • A partir d’aujourd’hui aura lieu l’examen en commission de la proposition de loi sur la réforme de l’audiovisuel public portée par le sénateur Laurent Lafon. Par anticipation, un rapport d’une vingtaine de pages a été commandé par la ministre de la Culture, Rachida Dati, et rédigé par la Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC). 

Intitulé Réforme de la gouvernance de l’audiovisuel public : évaluation de sa mise en œuvre, ce document a été adressé aux rapporteurs de la proposition de loi, Jérémie Patrier Leitus et Virginie Duby-Muller, ainsi qu’aux membres de la commission culture de l’Assemblée nationale. 

Présenté comme l’équivalent d’une étude d’impact, ce texte vise à expliciter les objectifs, modalités et conséquences de la future réforme, en s’inscrivant dans un contexte de mutation profonde du paysage audiovisuel européen et mondial.

Comme Hexagone vous en parlait en mai dernier, la réforme prévoit la création d’un groupe unifié baptisé France Médias. Deux regroupements majeurs sont envisagés : une filiale « Franceinfo », fusionnant les personnels TV et radio dédiés à cette marque, et une filiale « Ici », réunissant les équipes locales de France 3 et France Bleu. L’objectif est de favoriser les synergies éditoriales, numériques et techniques, tout en renforçant la cohérence des contenus. La réforme mise aussi sur la mutualisation des fonctions support et l’optimisation budgétaire. 

Cette réforme suscite toutefois de vives critiques. Le rapport, jugé bâclé par plusieurs parlementaires, dont Emmanuel Grégoire et Sophie Taillé-Polian, est accusé de manquer de rigueur et de vision stratégique claire. 

Les opposants redoutent un affaiblissement du pluralisme de l’information, en particulier via la fusion de rédactions autonomes dans la filiale Franceinfo. Les syndicats dénoncent un appauvrissement éditorial, une mise en concurrence accrue des journalistes, et une perte d'identité des entités historiques. 


PRESSION AMÉRICAINE • La semaine dernière, plusieurs grandes entreprises françaises ont été destinataires d’un courrier officiel de l’ambassade des États-Unis à Paris. Ce document, vu par le journal Les Echos, exige des sociétés destinataires qu’elles renoncent à toute politique de diversité, équité et inclusion (DEI) si elles souhaitent continuer à fournir des biens ou des services à l’administration fédérale américaine. 

Rédigée en français et en anglais, la lettre est accompagnée d’un formulaire à remplir sous cinq jours. Les entreprises doivent y certifier leur conformité aux lois fédérales antidiscrimination américaines, ce qui, dans ce contexte, signifie l’abandon de toute mesure de discrimination positive. 

La portée de ce document est encore incertaine, car le Gouvernement américain n’a pas, à ce stade, donné plus de précisions sur l’application de ces nouvelles exigences aux contrats en cours

Certes, il n’est pas illégal par principe pour la puissance publique américaine de changer ses règles d’attribution de contrats de fourniture de biens et de services. Mais si certains contrats devaient être résiliés pour méconnaissance d’une nouvelle règle intervenue en cours d’exécution, cela pourrait contrevenir aux principes de respect des conventions établies et de non-rétroactivité, entraînant des contentieux internationaux en cascade. 

Plusieurs groupes étrangers, notamment italiens, espagnols et belges, auraient reçu une lettre similaire, signe d’une démarche d’ensemble de l’administration américaine.

Le président Donald Trump a signé dès le 21 janvier 2025, au lendemain de sa prise de fonctions, le décret 14.173 intitulé « Mettre fin à la discrimination illégale et restaurer les opportunités fondées sur le mérite ». 

Ce texte interdit toute politique fédérale promouvant la diversité ou la discrimination positive et précise que ces politiques doivent être éliminées non seulement au sein des institutions fédérales mais également chez tous les prestataires du gouvernement américain, quelle que soit leur nationalité ou le pays où ils opèrent. 


Nos lectures de la semaine

  • Ce rapport très dense rendu par C. Vigouroux au nom du Conseil d’Etat, sur le contrôle de la légalité de l’action publique, notamment à l’échelle locale. Procédures pénales, contrôles par le Préfet, précisions sur les délits de favoritisme et assimilés… De très nombreuses pistes de réflexion pour de futures réformes.

Hexagone est préparé et rédigé par Étienne Rabotin, Nicolas de Renghien et Noé Viland. À la semaine prochaine !

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