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C’est la rentrée ! Vous n’avez pas tout suivi de l’actualité de la semaine ? Pas de panique donc, Hexagone est dans vos boîtes mail ! Joyeux mardi, nous sommes le 16 septembre 2025, et voilà votre 77ème briefing hebdo.
DÉGRADATION • Fitch a décidé de dégrader la note souveraine le 12 septembre dernier de AA- à A+. L’agence de notation a justifié cette décision par un ensemble de facteurs, parmi lesquels l’augmentation continue du ratio dette/PIB, les difficultés à maîtriser les dépenses publiques et les incertitudes sur la trajectoire budgétaire à moyen terme. En abaissant la note, l’agence envoie un signal d’alerte quant à la soutenabilité des finances publiques françaises.
En passant à A+ la France sort de la catégorie “très bonne” et entre dans la catégorie “bonne”
Cette dégradation ne relève pas uniquement de considérations économiques chiffrées, mais est motivée aussi par des éléments politiques. Fitch souligne dans son analyse que les tensions sociales et politiques fragilisent la capacité du gouvernement à mettre en œuvre des réformes structurelles. L’agence estime que l’instabilité politique accroît le risque que la France ne parvienne pas à corriger durablement ses déséquilibres financiers.
Conséquence de cette dégradation, le coût de financement de l’État risque d’augmenter encore, alors que les taux exigés pour de la dette française ont déjà brièvement dépassé ceux de l’Italie la semaine dernière, une situation inédite depuis plus de quinze ans.
Le taux moyen pondéré (qui inclut le taux servi sur le stock de dette existant) français reste modéré - puisqu’il faut 8,2 ans pour renouveler toutes les tranches de dette - autour de 2%. La France, en effet, sert encore des tranches émises dans la période pré-covid de taux bas. Cependant, ce taux moyen augmente inexorablement, à mesure du refinancement de cette dette ancienne.
Il est avantageux économiquement pour l'État de s’endetter quand le taux réel r est inférieur à la croissance du PIB g comme le montre François Geerolf. Cependant, alors que l’inflation a drastiquement diminué (autour de 2% aujourd’hui), les taux pourraient dépasser le rythme de croissance économique et inverser la logique. La dynamique de la dette subirait alors un effet boule de neige et l’ajustement serait de plus en plus coûteux.
TRAVAIL D’ARMATEURS • Le rapport annuel présenté par le Ministre de la Défense au Parlement concernant les ventes d’armement de la France établit à 21,6 Milliards d’euros les exportations pour l’année 2024, frôlant le record de 27 Milliards atteint en 2022 grâce à une exceptionnelle commande de Rafales des Emirats.
Ce rapport, adressé en diffusion restreinte au Parlement, mais que Mediapart s’est procuré (lire l’article de Pierre Januel), dénote de celui de l’année passée. En 2023, le volume de commandes était seulement de 8,2 Milliards d’euros, et le ton du rapport soulignait surtout le rôle stratégique des exportations dans l’« économie de guerre », insistant sur la cohérence avec les engagements internationaux et le dispositif de contrôle très strict des ventes.
Le bilan se composait alors principalement d’une tranche de 18 Rafale pour l’Indonésie (2,6 milliards), de contrats d’armement terrestre (canons Caesar pour la Lituanie, équipements pour la Grèce et l’Angola) et d’un socle de contrats logistiques et de modernisation.
Le bond quantitatif s’explique partiellement par l’augmentation mondiale des dépenses militaires, mais surtout par l’ampleur des commandes passées par les pays européens.
Les Pays-Bas sont le client le plus dépensier, avec 5,9 Milliards couvrant notamment 4 sous-marins de classe Barracuda ; mais la Serbie a également commandé 12 Rafale, la Pologne a commandé plus d’1 milliard d’euros d’armements parallèlement à la clause de défense commune négociée en mai (cf. Hexagone du 13/05), et l’Ukraine acheté pour 907 millions d’euros d’armes.
Hors d’Europe, l’Indonésie et l’Irak ont contribué à nourrir les commandes.
Par ailleurs, en juin dernier, Sébastien Lecornu, encore ministre de la Défense, avait anticipé sur la publication du rapport en précisant devant le Sénat, en réponse aux questions du sénateur Guy Benarroche, que la France n’exportait vers l’Etat d’Israël que des armes défensives (munitions pour le dôme de fer) et des composants servant à la fabrication de mitrailleuses. Le rapport précise les montants et la nature de ces éléments, pour un montant total de 27 millions d’euros, contre 19 en 2023.
CYBER POUR CE MOMENT • In extremis, et juste après la démission du gouvernement Bayrou, l’Assemblée nationale a adopté en commission le projet de loi relatif à la résilience des infrastructures critiques et au renforcement de la cybersécurité.
Il devrait donc poursuivre son chemin législatif, ce qui n’est pas le cas de tous les projets de lois du gouvernement démissionnaires, car en période “d’affaires courantes”, nombreux sont les projets de lois abandonnés : c’est au nouveau gouvernement de dresser, dès qu’il sera nommé, l’ordre du jour de la suite de la session parlementaire.
Ledit texte transpose une directive et un réglement européens sur la résilience des entités financières, contenus techniques qui n’ont pas donné lieu à débat.
Les députés ont gardé une grande partie des apports du Sénat. Le texte crée notamment une “stratégie nationale” en matière de sécurité, avec des financements pour les collectivités territoriales, la création d’un équivalent pour le cyber de ce que la marque “la sécurité routière” est pour la prévention des risques, et la formation d’au moins 10 000 ingénieurs en sécurité numérique chaque année.
L’article 16 bis du projet de loi, ajouté par le Sénat par voie d’amendement, a été adopté par l’Assemblée : il crée une interdiction générale d’introduction, dans les messageries, de “backdoors” (ou “portes dérobées” et autres moyens d’ “accès non consenti aux données protégées”.
CYBER POUR CE MOMENT • Le gouvernement Bayrou a publié une série de décrets relatifs à la transition écologique et aux enjeux environnementaux avant de remettre sa démission.
MaPrimeRénov’ est recentrée, afin de rationaliser le dispositif et en limiter le coût, sur les rénovations globales des logements classés E, F ou G. L’isolation des murs et les chaudières biomasse sont exclues des aides par geste, désormais limitées aux poêles à bois ou à granulés, et à l’isolation des toitures.
En revanche, d’autres textes publiés mardi 9 septembre renforcent le soutien aux pompes à chaleur et instaurent une TVA réduite à 5,5 % pour les panneaux solaires respectant des critères environnementaux, excluant de facto les modules chinois.
Un décret impose à partir du 1er octobre un affichage environnemental des vêtements via un « écoscore » chiffré. Il prend en compte eau, émissions, toxicité, recyclage et fast fashion. Prévu par la loi Climat & Résilience de 2021, il est à ce stade volontaire, dans l’attente d’un futur cadre européen d’affichage obligatoire.
Enfin, un décret applique la loi du 27 février 2025 sur les PFAS. Il prévoit une réduction des rejets aqueux de 70 % d’ici 2028 et leur suppression en 2030. Un second décret interdit les PFAS dans certains produits de consommation au 1er janvier 2026.
Hexagone est rédigé par Étienne Rabotin et Ghislain Lunven. À la semaine prochaine !
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