Réseaux sociaux et enfants, déficit excessif, service national et Mercosur

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Hexagone
5 min ⋅ 02/12/2025

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Le week-end a été long et vous n’avez pas tout suivi de l’actualité de la semaine ? Pas de panique, Hexagone est là ! Joyeux mardi, nous sommes le 2 décembre 2025, et voilà votre 87e briefing hebdo !


Le Briefing : 

Le 18 novembre dernier, 127 députés du “socle commun” ont présenté une proposition de loi, portée en premier lieu par la députée Laure Miller (RE) dans la droite ligne de la commission d’enquête parlementaire menée à son initiative en début d’automne sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs. 

Avec 7 articles, cette proposition de loi tente de limiter les effets néfastes des réseaux sociaux sur les mineurs, notamment en interdisant leur accès aux moins de quinze ans. 

Autre temps, autre support ? quatre blogueurs des années 2005. @INA

SAVOIR RÉSEAU GARDER • Le consensus dont fait état le rapport d’enquête de septembre dernier est clair sur les conséquences délétères d’un usage intensif des réseaux chez les jeunes. On y lit : “il est indéniable que les réseaux exploitent certaines vulnérabilités cérébrales, particulièrement chez les adolescents, les incitant à rester connectés plus longtemps. De plus, les preuves sont solides concernant l’impact négatif de l’exposition à la lumière artificielle des écrans sur le sommeil, avec des répercussions en cascade sur la santé physique et mentale. La question de la sédentarité ne fait pas non plus débat”. 

Le seuil de 15 ans correspond à ce consensus scientifique, et l’intervention législative est possible grâce aux dispositions du règlement (UE) 2022/2065 du Parlement européen et du Conseil du 19 octobre 2022 relatif aux services numériques (Digital Services Act), entré en vigueur le 14 juillet 2025, qui habilite désormais les États membres à réglementer l’âge minimal d’accès aux services en ligne.

ÉCRAN D’ARRÊT • Le texte propose également l’instauration d’un couvre-feu numérique pour les mineurs de 15 à 18 ans, leur interdisant l’accès aux réseaux sociaux entre 22 heures et 8 heures, afin de préserver leur sommeil et santé mentale. Il étend aussi l’interdiction des smartphones dans les établissements scolaires aux lycées, déjà en vigueur dans les collèges depuis 2018 (loi n°2018-698).

Enfin, l’article 7 de la proposition introduit un nouveau délit de “négligence numérique” dont la portée est encore peu claire, mais qui viserait les parents pour les sensibiliser à l’exposition excessive des enfants aux écrans.

SORTIE DES SCROLLS Des campagnes nationales de prévention sont également prévues, avec un affichage informatif sur les emballages des smartphones, à l’instar des avertissements sur les paquets de cigarettes. 

Certaines plateformes de messagerie instantanée, considérées comme essentielles à la vie sociale des jeunes (WhatsApp, Telegram), seraient exclues de l’interdiction, à en croire Mme Miller. 

L'examen de la proposition de loi est prévu début 2026, mais rien ne garantit le consensus politique à son sujet : plusieurs députés issus de la gauche, notamment Arthur Delaporte (PS) veulent recentrer le débat sur la régulation des entreprises du numérique plutôt que sur les comportements des enfants.  


Ne quittez pas : Hexagone reprend après ce message sponsorisé

L’avenir de la souveraineté alimentaire se joue dans les prairies

Alors que la France cherche à concilier autonomie alimentaire, transition écologique et vie rurale, l’agriculture circulaire s’affirme comme un modèle d’avenir. Fondée sur la synergie entre cultures, élevage et territoires, elle remet la terre, l’herbe et les éleveurs au centre de la durabilité. Ce modèle vertueux repose sur une boucle simple : le végétal nourrit l’animal, l’animal fertilise le sol et le sol régénéré nourrit à nouveau le végétal.

L’élevage herbager y occupe une place clé. En valorisant les prairies permanentes, il favorise la captation du carbone, la filtration de l’eau et la biodiversité tout en soutenant une économie locale résiliente. Plus qu’une technique agricole, c’est une vision du lien entre production, territoire et société.

Pour découvrir ce modèle d’avenir et les initiatives qui le portent, rendez-vous sur le site agriculture-circulaire.fr.



Mais aussi


C’EST L’AUTOMNE, VIENS-T-EN PAQUET • La Commission européenne a décidé le 25 novembre dernier, dans son paquet d’automne du semestre européen 2026, de suspendre la procédure pour déficit excessif visant la France et huit autres États membres — Autriche, Belgique, Hongrie, Italie, Malte, Pologne, Roumanie et Slovaquie.

Cette suspension ne signifie pas la clôture de la procédure, mais plutôt un moratoire conditionnel : aucune étape supplémentaire n’est engagée pour l’instant, mais la procédure reste juridiquement ouverte. Bruxelles se donne jusqu’au printemps 2026 pour réévaluer la situation, une fois les données budgétaires définitives pour 2025 disponibles.

La décision s’appuie sur une évaluation jugée globalement favorable du plan budgétaire français pour 2026 (PPB). La Commission considère que la trajectoire française respecte la croissance maximale des dépenses nettes prévue par le Pacte de stabilité et de croissance, malgré « une incertitude considérable » liée aux débats parlementaires en cours.

Elle valide la prévision de croissance de 0,7 % en 2025 et de 1 % en 2026, tout en s’attendant à un déficit public de 4,9 % du PIB l’an prochain, légèrement supérieur à la cible de 4,7 % fixée par Bercy. L’exécutif européen fixe à 2029 l’horizon pour ramener le déficit français sous les 3 %.

Bruxelles rappelle toutefois que cette amélioration repose sur un contexte politique fragile. Elle souligne que la réduction du déficit dépendra de la capacité du gouvernement à faire adopter son budget au Parlement, et note que les discussions autour de la suspension de la réforme des retraites n’ont qu’un effet marginal sur le déficit pour l’exercice prochain, estimé à 0,1 point de PIB.


VARCES ET ATTRAPES • Le 28 novembre dernier, devant la 27e brigade d’infanterie de montagne à Varces, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un nouveau Service national à vocation militaire, appelé à remplacer définitivement le Service national universel (SNU). 

Le dispositif, placé sous la responsabilité du ministère des Armées, s’adressera aux jeunes Français volontaires, identifiés lors de la future Journée de mobilisation (ex-Journée défense et citoyenneté). Après sélection par les armées, environ 80 % des volontaires auront entre 18 et 19 ans et effectueront leur service comme une année de césure, tandis que les 20 % restants, plus qualifiés (ingénieurs, soignants, analystes…), pourront servir jusqu’à 25 ans avec le grade d’aspirant.

Le Service national durera dix mois, dont un mois de formation initiale et neuf mois d’affectation dans les unités de l’armée active, uniquement sur le territoire national et ultramarin. Les volontaires seront rémunérés au moins 800 euros par mois, logés et nourris, et bénéficieront d’un statut militaire. Le dispositif sera reconnu dans les cursus : crédits ECTS, valorisation dans Parcoursup et les concours. À l’issue du service, les jeunes pourront rejoindre la réserve opérationnelle ou s’engager dans l’armée d’active.

Le gouvernement prévoit une montée en puissance progressive : 3 000 volontaires dès 2026, 10 000 en 2030 et 50 000 en 2035. Une enveloppe de 2,3 milliards d’euros est inscrite dans l’actualisation de la loi de programmation militaire 2026-2030, dont 1,4 milliard pour les infrastructures. 

Le futur Service national a vocation à incarner un modèle hybride, combinant une armée d’active renforcée, une réserve accrue (80 000 membres visés en 2030) et une nouvelle génération de jeunes engagés. 


MERCO PAS SÛR • L’Assemblée nationale a adopté le 27 novembre 2025 à la quasi-unanimité une résolution invitant le gouvernement français à s’opposer à la ratification de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay, Uruguay). 

Cette résolution, portée par La France insoumise, appelle le gouvernement à constituer une minorité de blocage au Conseil de l’UE et à saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour en vérifier la conformité juridique. Sur 245 députés présents, 244 ont voté pour, le seul vote contre étant une erreur de manipulation.

Le texte dénonce un accord “mortifère” pour l’agriculture et le climat, qui supprime les taxes à l’importation pour 91% des produits en provenance d’Europe, et 92% en sens inverse. Malgré des clauses de sauvegarde renforcées par la Commission jusqu’en septembre 2025, le texte est jugé insuffisant par les parlementaires et les agriculteurs français.

Les négociations, ouvertes en 1999, ont été arrêtées en 2024 par la Commission, qui a une compétence exclusive pour les mener au nom des Etats membres.

Depuis que le projet d’accord a été signé en septembre dernier, il est sur le chemin de la ratification : la Commission veut obtenir l’accord des Etats d’ici le 20 décembre, avant de le soumettre au vote du Parlement début 2026.

Le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, a admis que l’accord tel que signé en 2024 n’était “pas acceptable en l’état”, a insisté sur la nécessité d’intégrer des clauses miroir sur les réglementations, et de renforcer les contrôles sanitaires et phytosanitaires avant toute adoption. Rendez-vous, donc, le 20 décembre.

Hexagone est rédigé par Étienne Rabotin et Ghislain Lunven. À la semaine prochaine !

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