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Par Hexagone
24 déc. · 4 mn à lire
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Mayotte, nouveau gouvernement, procès Pelicot et Flamanville

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Le week-end était long et vous n’avez pas suivi toute l’actualité de la semaine ? Pas de panique, Hexagone est là. Joyeux mardi, et joyeux Noël ! nous sommes le 24 décembre 2024 et voilà votre briefing hebdo.


Le Briefing

MAYOTTE Le cyclone Chido a frappé Mayotte le 14 décembre 2024 avec des rafales atteignant plus de 200 km/h, causant des dégâts considérables aux infrastructures, habitations et écosystèmes locaux. Le nord-ouest de l’île a été particulièrement touché, tandis que d'autres îles de l'océan Indien, comme les Comores, ont également subi des dommages importants​​​.

Cyclone Chido, images satellite. AFP / © Handout / Cooperative Institute for Research in the Atmosphere (CIRA)

Le bilan officiel fait état de 35 morts et environ 2 500 blessés, mais ces chiffres pourraient être sous-estimés. Notamment parce que la tradition musulmane (confession de la majorité des habitants de l’île) exige l’inhumation rapide des défunts, ce qui complique le recensement officiel des victimes. 

De plus, un grand nombre d’habitants de l’île sont en situation irrégulière, ce qui accroît la difficulté d’obtenir un bilan exact. Des rumeurs exagérées évoquant jusqu’à 60 000 morts ont circulé sur les réseaux sociaux, mais elles ont été rapidement démenties tant par les autorités que des membres de la société civile​​. Le préfet François-Xavier Bieuville a toutefois estimé que le bilan total pourrait approcher plusieurs centaines voire le millier de morts. 

Le président Macron s’est rendu à Mayotte les 19 et 20 décembre 2024 pour annoncer des mesures d’urgence et apporter son soutien à la population. Sa visite a été marquée par des tensions avec des habitants mécontents de la gestion de la catastrophe. Lors d’un échange polémique, il a déclaré que l’île aurait été « dix mille fois plus dans la merde » si elle n’était pas française, suscitant de vives critiques de la part des oppositions. Il a promis une prochaine visite pour suivre l’avancement des mesures annoncées​​.

Les infrastructures essentielles, notamment l’eau et l’électricité, ont été gravement touchées. Emmanuel Macron a promis que tous les foyers seraient reconnectés à l’eau potable dès le 21 décembre. En attendant, des tours d’eau ont débuté pour assurer la distribution d’eau potable dans les communes périphériques. 

Environ 800 militaires ont été mobilisés pour déblayer les routes, organiser la distribution de vivres et aider à la réhabilitation des infrastructures. En parallèle, des systèmes satellites sont envisagés pour restaurer les télécommunications​​.

L’Union européenne a activé son mécanisme de protection civile, envoyant des tentes, kits d’hygiène et autres fournitures humanitaires à Mayotte. Plusieurs pays européens, dont l’Allemagne et la Suède, ont participé à cet effort. La Fondation de France a lancé une collecte de fonds, recueillant déjà 14 millions d’euros pour venir en aide aux sinistrés​​.

Le président Macron a promis une « loi spéciale » pour reconstruire Mayotte, avec des habitats de meilleure qualité. L’objectif est de terminer cette phase de reconstruction sous deux ans. Les premiers travaux visent à sécuriser les infrastructures et à éviter une répétition des dégâts lors de futures catastrophes​.


Mais aussi

FRANCE GOUVERNEMENT François Bayrou a présenté son gouvernement le 23 décembre 2024, marqué par un mélange d'anciens ministres expérimentés et de nouvelles figures issues des Républicains (LR) et du MoDem. Plusieurs poids lourds de l’ère Macron et Barnier conservent leurs portefeuilles ou reviennent dans l’arène politique. Bruno Retailleau reste à l’Intérieur, Gérald Darmanin est nommé à la Justice, formant avec Retailleau un tandem régalien marqué à droite. Sébastien Lecornu conserve les Armées, tandis que Jean-Noël Barrot reste aux Affaires étrangères​​. La Culture est toujours confiée à Rachida Dati, et Geneviève Darrieussecq conserve le portefeuille de la Santé.

En ce qui concerne les nouveaux entrants : Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, devient ministre d’État à l’Éducation nationale, tandis que Manuel Valls, également ancien Premier ministre, est nommé aux Outre-mer. François Rebsamen, ancien ministre de François Hollande, est nommé à l’Aménagement du territoire, et Juliette Méadel hérite du ministère de la Ville. Les Républicains Véronique Louwagie (Économie sociale et solidaire) et Philippe Tabarot (Transports) renforcent l’équipe gouvernementale, bien que des figures comme Xavier Bertrand aient décliné une place suite à des tensions avec le Rassemblement national (RN).

Le Premier ministre n’a pas élargi son socle à la gauche ou aux écologistes au-delà de Manuel Valls et François Rebsamen. 

En fin de semaine dernière, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, avec 481 voix pour et aucune voix contre, le projet de loi spéciale visant à garantir la continuité des recettes fiscales et des emprunts publics en l’absence d’une loi de finances adoptée pour 2024. Ce texte de trois articles permettra à l’État de continuer à percevoir les impôts en vigueur et à certains organismes publics, tels que l’Agence France Trésor, de poursuivre leurs emprunts. Le projet sera débattu au Sénat dès le lendemain​.

Lors des débats, 37 amendements ont été déposés, mais seuls 9 ont été examinés. Parmi les amendements jugés irrecevables par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, figurait la proposition d’indexer le barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation. Cette décision s’aligne sur un avis du Conseil d’État qui estime qu’une telle mesure ne relève pas d’une loi spéciale. 

Un amendement socialiste a été adopté, introduisant un nouvel article pour clarifier les prélèvements sur recettes (PSR) au profit des collectivités territoriales. Bien que le Conseil d’État ait jugé cette disposition redondante, elle consolide la reconduction des montants prévus pour 2024, incluant notamment la contribution de la France au budget de l’UE et la dotation globale de fonctionnement​ (DGF) au bénéfice des collectivités. 

UNCHARTED WATTHEURES • Le réacteur EPR (pour “European Pressurized Reactor”) de Flamanville, dans la Manche, a été raccordé au réseau électrique national ce samedi midi. Il devient le plus puissant des 57 réacteurs en fonctionnement en France, avec 1600 MW de puissance installée et une durée de fonctionnement minimale de 60 ans.

Il s’agit de la première turbine mise en fonctionnement depuis 25 ans, après un retard total de 12 ans sur l’objectif initial, qui prévoyait un raccordement en 2012. La reprise de soudures détectées par l’ASN en 2018 n’avait pu être finalisée qu’en 2023, engendrant une dérive considérable des coûts du projet. 

La Cour des comptes avait d’ailleurs qualifié le projet d’ “échec opérationnel” dans un rapport de juillet 2020.

Avec un coût à livraison de 13,2 Milliards d’euros, contre 3,4 Milliards budgétés en 2005, Flamanville est deux fois plus cher que les EPR de même type (mais moins puissants) construits à Taishan (Chine) en 2018. 

 Le réacteur est pour le moment plafonné à 20% de sa puissance installée, le temps pour l’ASN de mener de nouveaux tests, dans le prolongement de ceux lancés dès mai dernier. 

Il devrait fonctionner à 80% de sa capacité d’ici l’été 2025, à temps pour assurer les arrières d’EDF pendant la révision de 6 autres réacteurs programmées cette année. 

Enfin, il sera mis à l’arrêt pour presque toute l’année 2026, au moment de remplacer le combustible et le toit de la cuve du réacteur, déjà défectueuse, et qui deviendra l’un des plus gros déchets nucléaires à traiter à date. 

51 VIOLEURS • Quatre ans après l’arrestation de Dominique Pélicot pour des faits distincts, après trois ans d’enquête et trois mois de procès devant la cour criminelle du Vaucluse, l’audience a été levée, ce jeudi 19 décembre. 

Dominique Pélicot, également mis en cause dans le viol suivi du meurtre d’une femme commis en 1991 ainsi que dans une tentative de viol commise en 1999 et des agressions sexuelles en 2010, était jugé pour viols aggravés et plusieurs délits (atteinte à l’intimité de la vie privée, détention d’images de mineurs à caractère pornographique, diffusion d’images relatives à des atteintes à l’intégrité…)

50 autres accusés étaient jugés dans la même affaire, la plupart pour viols aggravés commis sur Gisèle Pélicot, à l’époque épouse du principal accusé, qui avait été violée à plus de 200 reprises sur incitation de ce dernier, qui lui imposait une soumission chimique médicamenteuse.

Alors que les pour viol se tiennent souvent à huis clos, dans l’intention de ne pas divulguer l’intimité des victimes, Gisèle Pélicot a fait le choix de conserver la publicité des débats, malgré le degré d’adversité, voire de violence verbale, auquel cela l’exposait. 

Aucune des peines prononcées n’est conforme aux réquisitions, hormis pour Dominique Pélicot qui s’est vu infliger 20 ans de réclusion avec une période de sûreté des deux tiers. 

Pour les autres, la cour s’est attachée à distinguer les degrés d’implication et les personnalités des accusés, prononçant des peines individualisées dont 35 sur 50 sont supérieures à 8 ans. 

Il y a donc une distinction entre les crimes de Dominique Pélicot, instigateur d’un nombre vertigineux de viols aggravés, et ceux de ses co-accusés, chacun portant le poids d’un crime particulier. 

Le procès relance le débat politique sur le caractère systémique des viols subis par les femmes, et sur l’opportunité de faire évoluer la définition pénale du viol, pour intégrer au code pénal la notion de “consentement”.



Notre lecture de la semaine

  • Le rapport de la Cour des comptes sur le Pass culture, qui montre certaines réussites (84% des jeunes visés l’ont activé, entre 42 et 55% des achats réalisés sont des livres) et des limites (peu d’intérêt et d’accès pour le spectacle vivant et les musées, des classes populaires qui se saisissent moins du dispositifs que les classes aisées).


Hexagone est préparé et rédigé par Étienne Rabotin et Nicolas de Renghien, avec l’appui de Noé Viland. À la semaine prochaine !

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